S’estimant « asphyxiées » par les impôts et les normes de toutes sortes, elles ouvrent un nouveau front pour le gouvernement.
Il ne manquait plus qu’eux! Médecins, pharmaciens, avocats, notaires, experts-comptables, architectes… c’est désormais au tour des professions libérales de manifester leur exaspération face à une fiscalité trop lourde et une réglementation exagérément tatillonne. Avec eux, c’est donc un nouveau front, on ne peut plus préoccupant, qui s’ouvre pour le gouvernement. Et ce après le carton jaune que lui ont adressé les patrons de PME début octobre, la fronde contre l’écotaxe partie de Bretagne des «bonnets rouges» ou encore la campagne «les sacrifiés» lancée mi-novembre par les commerçants artisans.
L’Union nationale des professions libérales (UNAPL) lance aujourd’hui une mobilisation baptisée «les asphyxiés». Avec distribution de tracts à l’ensemble de la population, lancement d’une grande pétition «les métiers de la vie, moi j’y tiens», affichage de pancartes «les métiers de la vie en danger» dans tous les cabinets et une campagne sur Facebook et Twitter. Un hors-d’œuvre, avant le plat de résistance – une fusion avec la lutte des artisans est évoquée -, si l’exécutif ne répond pas positivement aux revendications des libéraux.
«Ce n’est qu’un apéritif, confirme Michel Chassang, leur président, aussi à la tête de la Confédération des syndicats médicaux français. Si on n’est pas entendu, on n’exclut pas de descendre dans la rue. D’Amiens à Bordeaux, partout où je me rends, je constate un ras-le-bol très fort et une franche hostilité. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour ne pas nous laisser dépasser par le terrain.»
Les libéraux ont trois revendications. Premièrement, ils s’insurgent contre la fiscalité et notamment une plus grande progressivité de la contribution sociale généralisée (CSG), l’une des pistes de la réforme fiscale via sa fusion avec l’impôt sur le revenu. «On va en en prendre plein la figure, s’insurge Michel Chassang. Si ce projet passe, cela pourrait représenter jusqu’à un quadruplement de la CSG pour les libéraux! Il est hors de question qu’on se laisse faire.» Dans la rubrique fiscalité, les libéraux sont aussi remontés contre la cotisation foncière des entreprises (CFE) qui a succédé à la taxe professionnelle. L’article 57 de la loi de financement de la Sécu prévoit une hausse de 40 % de la CFE pour les professions libérales placées sous le régime fiscal des bénéfices non commerciaux (BNC). Soit pour 80 % des libéraux.